Les Aphorismes d’Hippocrate – Section 3

Les Aphorismes d’Hippocrate

Section 3

 

1

Ce sont surtout les vicissitudes des saisons qui engendrent les maladies, et principalement dans les saisons les grandes variations de froid, de chaud et aussi, par la même raison, des autres qualités.

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Parmi les divers naturels, les uns se trouvent bien ou mal de l’été, les autres de l’hiver.

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Les maladies, comparativement les unes aux autres et aussi les âges, se trouvent bien ou mal de certaines saisons, de certaines régions, de certains régimes.

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Dans les saisons, lorsque pendant la même journée il survient [habituellement] tantôt du froid, tantôt du chaud, il faut s’attendre aux maladies automnales.

5

Le notus (vent du midi) rend l’ouïe obtuse, la vue trouble, la tête pesante, le corps lourd et faible; quand ce vent domine, l’on éprouve les mêmes accidents dans les maladies. Si le vent est du nord, il y a des toux, des maux de gorge, de la sécheresse du ventre, de la dysurie, de l’horripilation, des douleurs de côté et de poitrine ; lorsque ce [vent] domine, il faut s’attendre aux mêmes accidents dans les maladies.

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Quand l’été est semblable au printemps, il faut s’attendre à des sueurs abondantes dans les fièvres.

7

Dans les temps de sécheresse, il survient des fièvres aiguës; et si cette sécheresse persiste pendant une grande partie de l’année, elle produit une constitution telle qu’il faut s’attendre à voir régner de semblables maladies.

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Dans les saisons bien constituées, où chaque chose arrive en son temps, les maladies marchent régulièrement et se jugent très bien. Dans les saisons mal constituées, les maladies marchent irrégulièrement et se jugent difficilement.

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En automne, les maladies sont très aiguës et en général très meurtrières. Mais le printemps est très salubre et la mortalité n’y est pas considérable.

10

L’automne est mauvais pour les phtisiques.

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Pour ce qui est des saisons, si l’hiver est sec et boréal et le printemps pluvieux et austral, il surviendra nécessairement en été des fièvres aiguës, des ophtalmies et des dysenteries, surtout chez les femmes et chez les hommes dont la constitution est humide.

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Mais si l’hiver est austral, pluvieux et doux; si, au contraire, le printemps est sec et boréal, les femmes qui doivent accoucher au printemps, avortent (accouchent prématurément) pour la moindre cause; celles qui arrivent à terme, mettent au monde des enfants faibles et infirmes qui meurent bientôt ou qui traînent une vie chétive et valétudinaire. Chez les autres individus, il survient des ophtalmies sèches et des dysenteries; chez les vieillards, des catarrhes qui les enlèvent promptement.

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Si l’été est sec et boréal et l’automne pluvieux et austral, en hiver il survient des céphalalgies, des toux, des enrouements, des coryzas, et chez quelques-uns des phtisies.

14

[Si l’automne] est boréal et sans pluie, c’est avantageux pour ceux dont la constitution est humide et pour les femmes; mais les autres individus auront des ophtalmies, des fièvres aiguës, des coryzas; quelques-uns même des mélancolies.

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Quant aux constitutions de l’année, en somme les sèches, sont plus saines et moins meurtrières que les pluvieuses.

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Les maladies qui sévissent habituellement dans les constitutions pluvieuses, sont : les fièvres de long cours, les flux de ventre, les pourritures, les épilepsies, les apoplexies et les esquinancies. Dans les constitutions sèches, ce sont les phtisies, les ophtalmies, les arthrites, les stranguries et les dysenteries.

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Quant aux constitutions journalières, les boréales donnent au corps de la densité, du ton, de l’agilité et une bonne couleur; elles rendent l’ouïe fine; mais elles irritent les yeux et augmentent les douleurs de côté s’il en existait préalablement. Les constitutions australes relâchent les pores, humectent le corps, rendent la tête pesante et l’ouïe dure, causent des vertiges et produisent de la faiblesse dans les mouvements des yeux et de tout le corps.

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Quant aux saisons, c’est au printemps et au commencement de l’été que les enfants et ceux qui se rapprochent de cet âge se trouvent le mieux et jouissent de la meilleure santé. Pendant l’été et le commencement de l’automne, ce sont les vieillards; pendant le reste de l’automne et pendant l’hiver, ce sont les personnes d’un âge moyen.

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Toutes les maladies surviennent dans toutes les saisons; toutefois certaines maladies naissent ou s’exaspèrent plutôt dans certaines saisons.

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En effet, au printemps: les manies, les mélancolies, les épilepsies, les flux de sang, les esquinancies, les coryzas, les enrouements, les toux, les lèpres, les lichens, les dartres farineuses, les exanthèmes ulcéreux en grand nombre, les abcès et les arthrites.

21

En été: quelques-unes de ces maladies, et de plus: les fièvres continues, les causus, les fièvres tierces et quartes, les vomissements, les diarrhées, les ophtalmies, les douleurs d’oreille, les ulcérations à la boucle, les ulcérations des parties génitales, les idroa.

22

En automne: la plupart des maladies de l’été, et de plus: les fièvres quartes, les fièvres erratiques, les maladies de la rate, les hydropisies, les phtisies, les stranguries, les lienteries, les dysenteries, les coxalgies, les esquinancies, les asthmes, les iléus, les épilepsies, les manies, les mélancolies.

23

En hiver: les pleurésies, les péripneumonies, les létitargus, les coryzas, les enrouements, les toux, les douleurs de poitrine, les douleurs de côté, les maux de reins, les céphalalgies, les vertiges, les apoplexies.

24

Voici les maladies particulières aux divers âges: chez les petits enfants et les nouveau-nés, les aphtes, les vomissements, les toux, les insomnies, les frayeurs [pendant le sommeil], les phlegmasies du nombril, les suintements d’oreilles.

25

Chez ceux qui arrivent à l’époque de la dentition: la démangeaison douloureuse des gencives, les fièvres, les spasmes, les diarrhées, surtout chez les enfants qui poussent leurs dents canines, chez ceux qui sont gros et chez ceux qui ont le ventre sec.

26

Chez les individus plus âgés: les maladies des amygdales, les luxations en dedans de la vertèbre du cou, les asthmes, les calculs, les vers lombriques, les ascarides, les tumeurs pédiculées, le satyriasis, la strangurie, les abcès scrophuleux et les autres tumeurs, mais surtout celles qui viennent d’être mentionnées.

27

Chez ceux qui sont encore plus âgés et qui approchent de la puberté: la plupart de ces maladies, mais surtout les fièvres chroniques et les flux de sang par le nez.

28

Chez les enfants: la plupart des maladies [de longue durée] se jugent en quarante jours; mais il en est qui se jugent en sept mois, d’autres en sept ans, d’autres enfin qui se prolongent jusqu’à la puberté. Celles qui persistent pendant l’enfance et qui ne se dissipent pas [chez les garçons] à l’époque (de la puberté), et chez les filles à la première apparition des menstrues, deviennent habituellement chroniques.

29

Chez les jeunes gens, règnent les crachements (le sang, les phtisies, les fièvres aiguës, les épilepsies et les autres maladies, mais surtout celles qui viennent d’être mentionnées.

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Chez ceux qui ont dépassé cet âge: les asthmes, les pleurésies, les péripneumonies, les léthargus, les phrénitis, les camus, les diarrhées chroniques, les choléra, les dysenteries, les lienteries et les hémorroïdes.

31

Chez les vieillards : les dyspnées, les catarrhes avec toux, les stranguries, les dysuries, les douleurs des articulations, les maladies des reins, les vertiges, les apoplexies, les cachexies, les démangeaisons de tout le corps, les insomnies, les flux de ventre, les écoulements des yeux et du nez, les amblyopies, les glaucoses (52), les duretés de l’ouïe.

 

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